Le marché est-il vraiment efficient ?

Le marché est-il vraiment efficient ?

C’est la question qui revient très régulièrement sur les lèvres des investisseurs : Le marché est-il réellement efficient ? Alors certains diront “oui, il l’est”, là où d’autres avanceront que “non, il ne l’est pas”. Essayons donc de répondre à cette question par une petite “analyse”.

Définissons le “marché” ainsi que le terme “efficient”

  • le “marché” : Ce terme générique s’emploie régulièrement afin de désigner les différents marchés actions de la planète. Marchés sur lesquels sont cotées les sociétés du monde entier. Le “marché” n’est donc ni plus ni moins que la somme des ordres de bourse passés tout autour du monde par des hommes, des femmes et des… robots.
  • “efficient” : Cette fois, je me contenterai de la définition officielle du Petit Larousse, selon laquelle est efficient ce qui abouti à de bons résultats avec le minimum de dépenses.

Dit autrement, la question qui se pose donc est de savoir si les décisions prises par des êtres humains et des robots créés par ces derniers, aboutissent à de “bons” résultats avec un “minimum de dépenses”.

Que signifient “bons résultats” et “minimum de dépenses” ?

  • “Bons résultats” : En matière financière et et boursière, le seul “bon résultat” qui vaille se mesure par l’argent gagné par les acteurs. Ce terme signifie donc qu’il faut gagner toujours plus d’argent.
  • “Minimum de dépenses” : La logique voudrait que le terme “dépenses” se rapporte lui aussi à l’argent. Et c’est le cas. Mais il ne faut pas oublier le temps, l’énergie dépensée, …

Ainsi, la question de base peut désormais se formuler ainsi. Les décisions prises par les hommes, femmes et robots qu’ils ont créés permettent-elles d’aboutir à gagner toujours plus d’argent tout en en dépensant le moins possible ?

L’évolution historique des marchés actions

Historiquement, sur du très long terme donc, les marchés sont clairement haussiers. Le gain estimé moyen est de 6 à 7% par an. Aussi, au fil des décennies l’accès aux actions s’est profondément démocratisé. Aujourd’hui, avec l’avènement d’internet, des smartphones et autres nouvelles technologies, il n’a jamais été aussi facile et peu coûteux d’investir en bourse.

Sur des échéances à très long terme, il est donc possible de considérer que les “marchés” font preuve d’une certaine efficience. On gagne de plus en plus, en dépensant de moins en moins. Mais qu’en est-il réellement sur de plus courtes échéances ?

Sur du court et du moyen terme

Lorsqu’on analyse le marché sur du moyen moyen terme (de quelques mois à quatre ou cinq années), on se rends compte que la prétendue “efficience des marchés” devient de plus en plus hypothétique.

Il suffit, pour s’en rendre compte, de constater les évolutions des différents indices, mais aussi de leurs composants, sur des périodes de quelques mois. Là les variations de cours deviennent vraiment flagrantes. Il est clair, à cette échelle, que les cours fluctuent tout aussi bien à la hausse qu’à la baisse, et ce sur des périodes plus ou moins courtes.

Ceci n’est rien d’autre que le résultat du monde ultra-médiatisé dans lequel nous vivons aujourd’hui. La moindre information, qu’elle soit réellement importante ou non, est susceptible de faire varier le cours de n’importe quelle entreprise / place boursière (là il s’agit de court terme).

Mais dans la même veine, la moindre publication ou anticipation financière fournie par une société sera à même d’engendrer d’importantes fluctuations. D’autant plus si le “marché” n’avait pas correctement anticipé les choses de son côté (à moyen terme).

Ainsi, le “marché” déploie monts et merveilles afin d’anticiper ce que pourrait réserver le futur, à court ou moyen terme. Car pour le “marché”, ce ne sont pas les gains à long terme qui compte. Ce sont ceux à court et moyen terme.

Si la vision qu’ont les entreprises est une vision long terme, ce n’est absolument pas le cas du “marché”. Celui-ci préférera toujours maximiser ses gains à court terme… quitte à ce que cela engendre de fortes dépenses d’argent. L’efficience des marchés, n’est, dans ce cas, plus assurée du tout.

Des signes de l’inefficience du “marché” ?

Le krach boursier

A échéance plus ou moins lointaine, ressurgit toujours le fameux krach boursier. Cet épouvantail à investisseurs qui se produit à la suite d’une “bulle” financière. Pour faire simple, lorsque le “marché” (les investisseurs) se rends compte qu’il a investit (quelle qu’en soit la raison) trop d’argent sur un secteur économique particulier, il “corrige” ce fait en sortant massivement de ses positions. Créant ainsi une baisse massive et violente des cours.



Aussi, un “marché” vraiment efficient ne devrait-il pas justement se prémunir contre ces krachs dévastateurs, tant pour le “marché” lui-même que pour l’économie en général ? Sauf à considérer, ce qui serait un peu tiré par les cheveux, que les krachs boursiers ne seraient que des “instruments” économiques dans les mains des acteurs majeurs du “marché”.

La “déception” financière

Comme évoqué précédemment, le “marché” s’est fait une spécialité de prévoir quelles seront les performances à venir des sociétés. Lorsque celui-ci pressent qu’une entreprise connaîtra la croissance à l’avenir, alors il est près à la surpayer. Au seul motif qu’elle lui rapportera encore plus d’argent dans le futur.

Par contre, dès lors que ladite société commencera à afficher des résultats un peu moins flamboyants, elle se fera “descendre”. Y compris si elle gagne toujours plus d’argent que quelques années auparavant, lorsque le “marché” lui faisait de l’œil et la valorisait bien plus cher.

Autrement dit, si une entreprise a de l’avenir, elle se paiera très cher même si elle ne gagne pas (ou peu) d’argent. Par contre, une fois qu’elle se sera développée et qu’elle gagnera des masses d’argent, dès lors qu’elle ne sera plus à la mode car n’offrant plus autant de croissance au “marché”, alors elle verra son cours baisser, le “marché” la sanctionnant car il en sera déçu.

Et donc : le marché est-il efficient ?

Comme nous l’avons vu, sur du très long terme (plusieurs dizaines d’années), le “marché” peut être considéré comme étant efficient. Il gagne de l’argent tout en réduisant ses coûts. Il entre donc bien dans la définition du marché efficient.

A contrario, sur des échéances plus courtes (jusqu’à une dizaine d’années), sa façon de fonctionner le rend, selon moi, totalement inefficient. Sa volonté de maximiser les gains financiers à court/ moyen terme, de vouloir anticiper à tout prix quitte à créer des variations parfois sans fondement réel et logique sont à l’opposé de toute notion efficience.

Il voudrait vraiment se persuader qu’il est efficient quoi qu’il arrive, mais il ne l’est pas.

1 commentaire pour “Le marché est-il vraiment efficient ?

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