C'est quoi un actionnaire ?

C’est quoi un actionnaire ?

Souvent décrié, l’actionnaire est pourtant nécessaire à la vie des entreprises. Il lui est très souvent reproché de s’enrichir aux dépends des salariés, de ne considérer que sa propre personne (et son propre portefeuille) au détriment d’autrui. L’actionnaire est (trop) souvent considéré comme un “parasite”, un “profiteur” voir même un “bran****”. Ces termes ne sont pas de moi. Ce sont ceux qui sont facilement trouvables sur un réseau social bien connu. Loin de moi l’idée de sous-entendre que cette vision de l’actionnariat est dominante. Néanmoins, j’ai le sentiment que que celle-ci grandi petit à petit. Mais au fait… C’est quoi un actionnaire ? Est-ce qu’être actionnaire c’est nécessairement être un salaud ? Et puis, faut-il être riche / favorisé / nanti pour devenir actionnaire ?

Les différents types de marchés

Il existe deux types de marchés sur lesquels les investisseurs peuvent devenir actionnaires de sociétés. Ces deux marchés ont leur propres caractéristiques ainsi qu’une utilité différente.

Le marché primaire

Lorsque le(s) créateur(s) d’une entreprise estime(nt) qu’il leur est nécessaire de “changer de dimension”, ils se mettent alors à rechercher des investisseurs qui accepteront d’injecter des fonds nouveaux dans l’entreprise. La contre-partie de cet investissement est la cession d’une certaine quantité du capital (des actions) de ladite société.

Il s’agit donc là du “marché primaire”. Les investisseurs / actionnaires financent directement la société, ses activités et son développement. En règle générale, les investisseurs particuliers n’y ont pas accès, sauf à passer par des plates-formes spécialisées (dites de CrowdFunding). Celles-ci leurs permettent d’investir (indirectement) de petites sommes, sur des sociétés recherchant des capitaux pour croître.

Le marché secondaire

Le marché secondaire est le marché boursier tel que monsieur “toulemonde” le connait. S’y retrouvent des investisseurs qui se vendent et achètent entre eux des actions de sociétés cotées en bourse.

Sur ce marché les entreprises ne bénéficient pas directement des fonds échangés. Contrairement au marché primaire, le “secondaire” n’a pas vocation à financer leur développement. Pourtant, il a une importance capitale pour leur bonne santé.

En effet, l’intérêt du marché secondaire est de soutenir le cours des entreprises, et par de là, leur valorisation. Dans quel intérêt ?

  • Pour assurer à l’entreprise son indépendance. Sauf à ce qu’elle soit déjà contrôlée par un actionnaire majoritaire, une chute de son cours (plus de vendeurs que d’acheteurs) entraînerait une chute de sa valorisation et en ferait une proie possiblement intéressante pour un concurrent.

Bien sûr, le risque pour une entreprise est de voir son cours chuter du fait, par exemple, de mauvais resultats. C’est à dire qu’il y aurait plus d’actions se retrouvant en vente que d’acheteurs souhaitant en acheter. C’est un risque… qu’elles acceptent sans problème.

L’actionnaire… ce salaud !

“Spéculateurs”, “Profiteurs” et bien d’autres termes plus fleuris les uns que les autres. C’est que bien souvent, l’ignorance donne des ailes à ceux qui croient savoir…

Ce n’est pas ce que vous ne savez pas qui vous pose des problèmes. C’est ce que vous savez avec certitude et qui n’est pas vrai !Mark Twain

L’actionnaire n’est en fait rien de plus ni moins qu’un être humain. Un être humain qui aura décidé d’investir son argent dans des entreprises plutôt que de le mettre dans un PEL. Ce qui dérange souvent ce sont les dividendes que peut percevoir l’actionnaire. Mais là encore, l’ignorance des détracteurs est telle qu’ils se fourvoient totalement…

Les dividendes…

Une légende urbaine bien établie veut que les actionaires “se gavent” (comprenez “s’en mettent plein les poches”) dès lors que des dividendes son versés. Et bien non… Un dividende n’a JAMAIS enrichi un actionnaire !

Pour la simple et bonne raison que lorsque qu’une société verse un dividende, celui-ci est automatiquement imputé du cours de l’action.

Exemple pratique

Soit une action valant 100 à la clôture. Le lendemain matin, la société va détacher un dividende de 5. Le cours de l’action à l’ouverture du lendemain sera donc mécaniquement abaissé à 95.

Si bien qu’aujourd’hui l’actionnaire possède un bien (une action) valant 100. Demain matin, il possédera toujours son action, dont la valeur sera ramenée à 95. Il aura en plus le montant du dividende, soit 5 brut.

Si ce dividende est perçu sur un CTO, alors il sera fiscalisé. L’actionnaire percevra alors bien moins que les 5 qui ont pourtant été détachés par la société.

Vous comprenez donc aisément que si le dividende n’est pas un gain pour l’actionnaire, il peut même se révéler être une perte une fois la fiscalité prise en compte.

Les dividendes présentent tout de même un intérêt. Nous l’avons vu, ils ne font pas gagner d’argent à l’actionnaire. Sans quoi personne chercherait à en percevoir. Leur grand intérêt est donc de fournir des liquidités à celui qui les perçoit, et ce sans avoir à revendre d’actions. Il est ensuite possible de disposer de ces liquidités de deux façons :

  • en les réinvestissant pour acheter d’autres actions
  • en les retirant de façon à en disposer dans la vie courante

Mais quelle que soit l’utilisation qui puisse en être faite, le cours des actions aura, quoi qu’il arrive, baissé du montant des dividendes brut.

Une fois le “mythe” du “dividende qui rend riche” démonté, attaquons nous au suivant. Celui de l’actionnaire “volant les richesses produites par les salariés”.

L’actionnaire, un voleur ?

Puisqu’il perçoit des dividendes, lesquels sont issus des bénéfices réalisés par l’entreprise, l’actionnaire est souvent vu comme étant un “voleur” par ces personnes qui croient savoir. Déjà, si vous avez bien lu le point précédent sur les dividendes, vous avez alors compris qu’un dividende n’était pas un enrichissement.

Mais il est important de développer un autre point ! En effet, le but de toute entreprise “à but lucratif” est de gagner de l’argent. Argent dont disposeront comme bon leur semble les propriétaires du capital. À savoir… les actionnaires.

Mais pour gagner cet argent, il faudra faire tourner l’entreprise. Cela se fera donc par l’embauche de salariés. Leur rôle sera de créer de la plus-value (via leur travail) pour la société. C’est une chose qu’aucun salarié ne peut ignorer. Sauf à venir d’un monde parallèle… Bien sûr, les salariés doivent être rémunérés pour la force de travail qu’ils ont “vendu” à la société. Cette rémunération est fixée contractuellement entre les deux parties.

L’entreprise vous embauche parce qu’elle a besoin de vous afin de créer de la valeur. Pour cela, elle vous paye chaque mois une somme contractuellement définie

Il est donc bien évident que l’actionnaire ne spolie pas les salariés de l’entreprise. Le rôle du salarié est de faire gagner de l’argent à l’entreprise. Qu’il y parvienne ou pas, il sera payé quoi qu’il arrive. À moins que l’actionnaire ne soit rien d’autre qu’un rapace nourri à la spéculation ?

L’actionnaire, un rapace ?

J’ai pu constater par moi-même que le terme “rapace” revenait régulièrement sur les réseaux sociaux afin de qualifier les actionnaires. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’actionnaire est accusé de ne voir que par le profit.

Bon… De nos jours, la très grande majorité des entreprises est là pour faire du profit. Ce n’est une surprise pour personne. Il est donc évident que l’actionnaire est également là afin de gagner de l’argent. S’agit-il nécessairement, pour autant, d’un rapace ? Bien sûr que non ! L’entreprise, et indirectement l’actionnaire, ne font que répondre aux besoins et aux attentes des consommateurs.

Ce qui ne se vend pas arrête d’être produit !

Il est souvent fait état de délocalisations ayant pour conséquences de mettre de nombreuses personnes au chômage, et dont le but serait uniquement de faire gagner plus d’argent aux actionnaires. Mais qu’en est-il de la responsabilité du grand public dans cette situation ?

Aujourd’hui le consommateur (moi le premier) veut tout obtenir toujours moins cher :

  • La machine à laver “made in France” à 500€ est trop chère, il lui préférera celle “made in Taiwan” vendue deux fois mois chère.
  • Les vêtements eux aussi “made in France” sont vendus à des prix “trop élevés”. Il leur préférera ceux “made in Bengladesh” proposés, eux, pour une bouchée de pain.

Il est certain que si le coût de production est divisé par deux, il est probable que l’entreprise réalise plus de gains. À moins qu’elle ne divise également ses prix de vente par deux…

Pourquoi n’est-ce pas le cas ?

Tout simplement à cause d’un biais qu’a le consommateur. Si du jour au lendemain une société venait à diviser le prix de ses produits par deux à la suite d’une délocalisation, le consommateur pourrait soit se dire qu’il était jusqu’alors pris pour un c** car il payait “deux fois trop cher”, soit il va se dire que la puisque c’est beaucoup moins cher, c’est que c’est forcément de moins bonne qualité

À partir de là, on peut se dire qu’il vaudrait mieux alors ne pas délocaliser… Et non… car les produits seraient vendus trop chers ! C’est un peu le serpent qui se mord la queue…

Le monde de l’entreprise et de l’actionnariat est beaucoup plus compliqué que ce que beaucoup trop de personnes aimeraient le croîre. Les entreprises doivent faire face à un consommateur clairement “schizophrène” (dont, je le répète, je fais moi-même parti). Si c’est “trop cher”, le produit fusse-t-il fabriqué en France, le consommateur n’achète pas. Si le prix “baisse trop”, alors le produit devient mauvais… car pas assez cher.

En outre, l’actionnaire serait également “un flemmard” qui attend que tout lui tombe directement dans les mains. En référence, souvent, aux dividendes perçus…

Un profiteur qui ne fait rien de sa vie…

Les griefs envers les actionnaires sont tellement nombreux qu’il serait presque possible de se demander si ceux-ci ne sont pas directement responsables de la disparition des dinausores ! Les actionnaires sont-ils donc des profiteurs qui attendent que l’argent leur tombe dans le creux de la main ?

Des actionnaires rentiers il en existe, c’est une évidence. Si ils le sont via leurs dividendes, comme déjà exposé, ils ne gagnent absolument rien avec ceux-ci. Dès lors, peut-on réellement parler de profiteurs ? D’autant plus que bien souvent ces rentiers n’auront eu de cesse d’investir leur propre argent, plutôt que de le dépenser dans d’autres choses qui pouvaient leur sembler futiles. Doivent-ils être montrés du doigt pour ne pas avoir fait “comme la masse” ?

Il est aussi possible de se pencher sur le cas des salariés actionnaires. Vous savez, ces employés (souvent des grandes sociétés) possédant des parts de leurs entreprises. Il ne sont pas majoritaires si on considère l’ensemble du salariat français, mais leur part dans les grandes entreprises est loin d’être negligeable. Chez Vinci par exemple, TOUS les salariés français du groupe en sont également actionnaires ! Peut-on, dans ce cas précis, les taxer de “profiteurs”?

Montons d’un cran, et positionnons-nous au niveau des “grands patrons” (souvent, eux aussi, actionnaires de leurs entreprises). Est-il réellement possible d’imaginer qu’ils ne fassent rien de leur temps ? Les responsabilités sont énormes, l’exposition médiatique quasi incessante… Certes, un “grand patron” ne fait pas les 3/8 dans une usine bruyante. Néanmoins, je ne pense pas que la pression sur ses épaules soie moins forte pour autant, ni que le rythme des journées soit “cool Raoul”. Et ce même si celui-ci possède un grand nombre d’actions de “son” entreprise.

Et puis il y a aussi le cas des petits porteurs, tels que moi qui oscillons entre les qualifications de “profiteurs” pour les uns et “d’idiots utiles du système” pour les autres. Je ne ferai aucun commentaire sur le fait que ces préjugés sont tout bonnement le signe d’une méconnaissance total de ce qu’est l’investissement, lequel serait soi-disant réservé aux nantis.

Faut-il être un riche héritier pour acheter des actions ?

Fichtre, non ! Mais quelle horrible pensée de manant que celle-ci !

Redevenons sérieux quelques instants. L’actionnariat est accessible à tous. Ce n’est pas une question d’argent, puisqu’il existe des actions à tous les prix. Les moins chères de mon portefeuille doivent être à quelque chose comme 12 / 15€ à l’heure actuelle. En outre, il est tout à fait possible de trouver des ressources gratuites afin de s’informer (et de se former) sur les différentes stratégies d’investissement existant. Le site du Petit Actionnaire en est la démonstration pour ce qui est d’une stratégie d’investissement dans les dividendes.

Ce qui pose réellement problème à de nombreuses personnes, ce sont les ordres de grandeur. Il leur est difficile d’admettre qu’un actionnaire détenant 10 actions d’une entreprises percevra 10 fois moins (en valeur) de dividendes qu’un actionnaire qui aurait lui 100 actions de la même société. Je raisonne une nouvelle fois en terme de dividendes, car je me place du point de vue d’une personne qui ne jugerait les actionnaires que par les dividendes qu’ils “gagnent”.

Je parle là du genre de personne qui pense (et qui s’offusque) que Bernard ARNAULT, PDG et actionnaire principal de LVMH “gagne” des milliards en dividendes, mais aussi dès que le cours de la société grimpe un peu. Le tout sans même considérer que les dividendes ne sont pas un gain, et sans parvenir à admettre qu’il possède plus de 45% de son entreprise…

Les actionnaires sont-ils des enfants de coeur ?

J’ai beau défendre les actionnaires et l’actionnariat dans son ensemble, ce n’est pas pour autant que j’ai des oeillères ! Il est évident que non, les actionnaires ne se pas des enfants de choeur. Et ce au même titre que n’importe quelle autre corporation existant sur terre.

Il y en a bien sûr qui ne voient que l’appât du gain et qui seraient prêts à vendre père et mère pour quelques plus-values. Tout comme il y en a également qui n’ont aucun sens moral. Mais de là à taxer tous les actionnaires (qu’ils soient “petits” ou “gros”) de ces maux il y a un gouffre… Que certains n’hésitent malheureusement pas à franchir.

C’est quoi un actionnaire ?

Maintenant que nous avons évoqué tout ce que n’était pas un actionnaire… C’est quoi un actionnaire ? C’est tout bonnement quelqu’un qui a décidé d’investir son argent dans des entreprises. L’actionnaire est-il différent de ses congénères “non actionnaires” ? Absolument pas. Ah si… l’actionnaire possède peut-être quelque chose que n’ont pas les autres : une aversion au risque financier moins importante.

Mais alors, toujours “dénoncer” les “vilains” actionnaires ne serait-il tout simplement pas un certaine forme de jalousie de la part de leurs détracteurs ?

Quelques anecdotes sur l’actionnariat !

Je vais, pour conclure ce long article (probablement le plus long que j’ai écris), vous proposer quelques petites “anecdotes” quant à l’actionnariat.

C’est quoi un actionnaire ? C’est (de façon indirecte) tout le monde, chaque possesseur de Livret A !

  • L’actionnaire est le dernier maillon de la chaîne ! En cas de faillite d’une entreprise, il perdra l’ensemble de son argent investi dans celle-ci.

C’est quoi un actionnaire ? C’est quelqu’un qui sait prendre des risques avec son argent.

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