Investir à crédit, les risques et les bénéfices

Généralisé dans nos contrées, le crédit a souvent mauvaise presse. C’est d’ailleurs un sujet qui m’a déjà valu quelques volées de bois vert lorsque je l’ai abordé sur les réseaux sociaux. Oui, pour beaucoup, le crédit est (presque) à l’origine de tous les maux. Il impacte durablement le budget, il engendre des intérêts plus ou moins importants à rembourser et peut mener à des situations financières difficiles. Pourtant, sous certaines conditions, le crédit peut également être un excellent outil à disposition de l’investisseur. Quels peuvent donc être les risques et bénéfices pour ce dernier ? Faut-il investir à crédit ? Est-ce une bonne chose ? Les réponses dans cet article…

Définitions des termes “crédit” et “investissement”

  • Souscrire un crédit revient à emprunter de l’argent à un établissement prêteur. Il peut s’agir soit d’une banque, soit d’un organisme de crédit. Un crédit est associé à un taux d’emprunt et à une durée de remboursement pré-définie. Cette dernière impacte le niveau du taux d’emprunt et les intérêts finaux à rembourser. Il existe différentes formes de crédits. Un crédit est une dette et se doit d’être remboursé.

  • Investir c’est dépenser, aujourd’hui, de l’argent pour acheter des biens ou services qui permettront, à terme plus ou moins lointain, de gagner de l’argent ou de réaliser des économies.

Investir à crédit, cela revient donc à emprunter de l’argent à un organisme prêteur, dans le but d’acquérir des biens ou services qui vous rapporteront à plus ou moins brève échéance. C’est à dire que vous envisagez de gagner de l’argent avec de l’argent qui ne vous appartient pas. En contre-partie, en plus du remboursement du montant emprunté, vous versez, au prêteur, des intérêts.

Pourquoi le crédit fait-il si peur ?

Régulièrement, nous avons le droit au traditionnel :

“Le fils de ma sœur, mon neveu, est fiché Banque de France car il ne parvenait plus à rembourser son crédit”<span class="su-quote-cite">la coiffeuse</span>

Cet exemple peut bien sûr se décliner en plusieurs variantes. Si il est évident que de telles situations peuvent être désastreuses, elles ne sont, néanmoins, pas une fatalité. En effet, si des précautions sont prises lors de la souscription, le risque de se retrouver dans la situation du “fils de la sœur de la coiffeuse” est extrêmement réduit.

Comment aborder les risques liés au crédit et les réduire sensiblement ?

Un crédit ne doit surtout pas être souscrit à la légère. Si il peut être extrêmement bénéfique, il est tout de même nécessaire de s’assurer, au préalable, de l’existence de certains pré-requis. Il s’agirait presque de réaliser une check-list. Si un seul élément ne correspond pas aux standards, il ne faut pas souscrire…


🌟 réservé aux abonnés du Petit Actionnaire 🌟
Ce contenu est réservé aux abonnés (à partir de 3,90€ par mois). Veuillez vous connecter.

Dans tous les cas, il convient de garder en tête que souscrire un crédit présentera toujours des risques. Les éléments ci dessus (🌟 abonnés) permettent de les réduire au maximum, mais ne sont aucunement une garantie à 100%. À noter qu’il est généralement proposé de souscrire à des assurances “invalidité” ou encore “perte d’emploi”, afin de réduire encore plus ces risques. À chacun d’évaluer l’intérêt de celles-ci au regard de sa propre situation.

Les bonnes raisons d’investir à crédit

Comme évoqué précédemment, même en prenant un maximum de précautions, des risques subsisteront toujours. Qu’il s’agisse d’un mauvais investissement ou de problèmes personnels, rien ne peut être totalement évité ! Il n’en reste pas moins qu’investir à crédit peut être vraiment bénéfique. Cela permet en effet de gagner du temps dans la constitution de son patrimoine (à condition de ne pas confondre vitesse et précipitation), tout en permettant de conserver ses propres liquidités.

Il convient, cependant, de bien dimensionner le crédit au regard du patrimoine déjà détenu. Souscrire pour 50k€ de crédit alors que le patrimoine ne serait que de 10k€ serait particulièrement dangereux. Si cela pourrait faire sens dans le cadre d’un achat immobilier, ça le ferait beaucoup moins pour ce qui est d’un investissement boursier ! Bien sûr, l’immobilier peut tout à fait être un mauvais investissement. Cependant, un investissement boursier est bien plus volatile. Dès lors, Il expose largement plus au risque psychologique et donc au fait de prendre des décisions irréfléchies… et à fortiori, mauvaises.

Une autre bonne raison de souscrire un crédit dans le but d’investir est que cela peut permettre de saisir une occasion. En effet, ne disposant pas nécessairement des liquidités nécessaires, il n’est pas toujours possible de saisir certaines opportunités parfois très intéressantes. Si respect de la check-list précédente (🌟 abonnés) et du bon dimmensionnement du crédit, ce serait dommage. Dans le cas où tous les éléments de précaution préconisés ne seraient pas en mesure d’être réunis, il vaut alors mieux rater une bonne occasion d’investissement plutôt que de prendre le risque de s’engager dans quelque chose de périlleux.

Les mauvaises raisons de faire un crédit

Je n’hésite pas à le dire :

“Utilisé à bon escient, le crédit un formidable outil dont disposent les investisseurs pour développer encore plus leur patrimoine.”<span class="su-quote-cite">le Petit Actionnaire</span>

Ce n’est pas un hasard si n’importe quel “gros” investisseur cherchera à financer ses projets d’investissements à crédit plutôt que sur ses fonds propres. L’effet “multiplicateur” du crédit étant évidemment à son avantage. D’ailleurs, cet effet joue également pour de plus petits investisseurs tels que moi (ou vous)… à condition de ne pas investir pour de mauvaises raisons !

“Je vais faire comme les autres”

Si il est une mauvaise raison de prendre un crédit, c’est bien de vouloir “suivre la meute” (comprenez, faire comme les autres). Suivre un effet de mode / masse n’est jamais une bonne chose. Encore moins quand ce n’est pas avec votre argent. Sauf à ce que cela ait pu vous être conseillé par un professionnel parfaitement au fait de votre situation (financière, personnelle) et de votre capacité d’acceptation des risques, rejetez d’un revers de main tout “conseil” du type : “Vas-y, c’est l’occasion du siècle“. Ceci étant également valable y compris dans le cas où aucune notion de “crédit” ne soit abordée.

“Je veux gagner de l’argent facilement”

On ne gagne pas de l’argent parce qu’on a fait un crédit, mais tout simplement parce qu’on a fait un bon investissement. Cela signifie que même sans crédit, un bon investissement sera toujours une source de gains. Investir à crédit ne facilite donc rien du tout !

“le Petit Actionnaire a écrit que…”

J’ai écris que sous certaines conditions, le crédit pouvait être un outil extrêmement utile pour les investisseurs. Il va de soit que je ne connais ni la situation de chacun ni les projets pour lesquels un investissement à crédit pourrait être envisagé. Il est donc évident que cette article adopte un positionnement général, et qu’il ne s’agit ni d’une incitation au crédit ni d’un conseil personnalisé.

Vu de l’extérieur…

Il ne fait guère de doutes que le simple fait d’évoquer la possibilité de réaliser un investissement à crédit sera sources de réactions épidermiques et de levées de boucliers. Sauf à ce qu’il s’agisse d’un investissement immobilier. Allez savoir pourquoi…

Dans le cas où votre réflexion menant à la souscription d’un crédit soit complète, réfléchie et qu’elle se base sur des éléments probants, tant au niveau de l’investissement envisagé que des caractéristiques du crédit lui-même, alors les risques auxquels vous serez confrontés seront fortement réduits. Je dis bien “fortement” , et non pas “totalement”.

Partant de là, la balance bénéfices / risques a toutes les chances d’être en votre faveur. Ne négligez donc pas ce qui peut vous être dit, sans pour autant céder à n’importe quelle invective. Sous-entendu que “tu es fou” n’est pas un argument… Ces réactions ne seront pas dirigées contre vous, mais contre le crédit en lui-même. De mauvaises expériences passées et/ou actuelles avec lui entraîneront forcément de forts a priori. Lesquels ne sont, pourtant, pas généralisables.

  • Oui, un crédit mal utilisé peut être très risqué. En revanche, bien utilisé, les risques s’en trouvent réduits.

Ainsi, financer ses vacances à crédit tout en ayant du mal à boucler ses fins de mois (très risqué et à proscrire totalement) est, de fait, l’exacte opposé que d’investir à crédit après réflexion, analyse et étude du sujet de l’investissement et de sa propre situation personnelle (risques largement dilués).

Questions / reponses

Le crédit mène parfois à différentes questions, notamment techniques, auxquelles il peut être fastidieux de trouver des réponses claires et précises. Mon expérience de la chose me permet de vous en apporter quelques unes :

Un crédit peut-il être remboursé par anticipation ?

Si le remboursement anticipé d’un crédit immobilier peut entraîner des frais, ce n’est pas le cas pour les crédits à la consommation et les crédits renouvelables. La réponse est don bien évidemment : OUI.

Un crédit renouvelable peut-il être utilisé pour investir ?

D’un point de vue purement technique, un crédit renouvelable peut, sans problème, être utilisé pour investir. Néanmoins, la structure de celui-ci le rend plus dangereux à utiliser (quelle que soit son utilisation). Il ne devrait être utilisé (pour investir) qu’à plusieurs conditions. À savoir, de parfaitement maîtriser ce type si particulier d’emprunt et d’obtenir des conditions techniques (taux, durée, etc…) correctes. Utiliser ce type de crédit pour de la consommation (à l’opposé de l’investissement) est très fortement déconseillé !

Un crédit pour investir est-il difficile à obtenir ?

Hors crédit immobilier, et, parfois, pour l’achat de SCPI, il n’est pas possible (ou sinon très difficile) d’obtenir un crédit à des fins d’investissement. C’est pour cette raison qu’il est très souvent nécessaire de se tourner vers les crédits à la consommation dits “non affectés”. Ceux-ci sont plus ou moins compliqués à contracter selon le type de prêteur (banque ou organisme de crédit).

Conseillez-vous d'investir à crédit ?

Non, je ne le conseille pas puisqu’il s’agit de quelque chose qui ne peut-être décidé qu’au niveau de chaque investisseur. Mon évocation de l’investissement à crédit n’est donc pas une incitation à franchir le pas, mais seulement l’évocation d’une option d’investissement réaliste pour certains investisseurs.

Avez-vous des liens avec des banques / organismes de prêts ?

Non, aucun. Je suis actionnaire de quelques sociétés évoluant dans le secteur financier, mais sans plus. Mon portefeuille d’actions est d’ailleurs accessible depuis la rubrique “patrimoine” du site du Petit Actionnaire.

D’autres questions, potentiellement plus spécifiques, peuvent aussi se poser…


🌟 réservé aux abonnés du Petit Actionnaire 🌟
Ce contenu est réservé aux abonnés (à partir de 3,90€ par mois). Veuillez vous connecter.

Conclusion

Investir à crédit peut être une excellente chose. Si les choses sont bien faites et bien réfléchies, les risques liés au crédit s’en retrouvent alors fortement diminués et le crédit devient un outil incontournable. Dans tous les cas, si vous êtes pris ne serait-ce que d’un doute sur l’intérêt de souscrire un crédit, abstenez-vous ! Ne le souscrivez pas ! N’oubliez jamais qu’un crédit est une dette.

Environ 30% du contenu de cet article et 50% des questions/réponses sont réservés aux abonnés du site du Petit Actionnaire. Ce contenu spécifique regroupe mes différentes approches / ce que je mets en œuvre face aux difficultés et problèmes évoqués.

Consulter les formules d’abonnement.

2 commentaires pour “Investir à crédit, les risques et les bénéfices

  1. Le crédit bien utilisé peut être un bon levier d’investissement mais il ne faut pas oublié que les crédits à la consommation sont souvent de type amortissable et non « in fine » donc il faudra avoir la capacité financière de rembourser sa mensualité derrière. Le crédit lombard est plus adapter à ce type d’investissement mais il faut un certain capital.

    1. Bonsoir Jim,

      Tout à fait. D’où l’intérêt de n’investir avec ce type de crédit qu’à partir du surplus budgétaire habituel. Cela doit donc être vu comme un “investissement anticipé”.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

quatre × cinq =

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.