LEs livrets bancaires sont-ils sans risques ?

Les livrets bancaires sont-ils vraiment “sans risques” ?

C’est un sujet brûlant ces jours-ci : Face à l’inflation qui demeure élevée, Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances vient d’annoncer la hausse prochaine (au 1er février 2023) du taux des livrets bancaires réglementés. Ainsi, le Livret A et le LDDS verront leur taux respectif passer de 2% annuel à 3%, alors que celui du Livret d’Epargne Populaire (LEP) passera de 4,6% à 6,1%. Une bonne nouvelle pour des millions d’épargnants utilisant ces livrets régulièrement qualifiés comme étant “sans risques”. Mais le sont-ils vraiment ? Et est-ce une si bonne nouvelle que ça de voir leurs taux augmenter ? Les réponses… dans cet article !

Des livrets bancaires réputés “sûrs”

Tout d’abord, évoquons les élément qui font des livrets bancaires (Livret A, LDDS et LEP en tête) des placements “sûrs” et “sans risques” aux yeux d’une grande majorité des épargnants français.

Un capital garanti

Les livrets bancaires sont des placements qui offrent un avantage que nul autre placement ou investissement (hors fonds € en assurance vie) ne peut proposer. A savoir la garantie du capital. Simple à appréhender, cet élément signifie que quoi qu’il puisse arriver, l’épargnant est assuré que son capital ne diminuera jamais. Tout argent déposé est alors certain de pouvoir être récupéré, et ce qu’elle que soit la durée de placement.

Un rendement fixe et universel

Que vous soyez riche à millions ou simple épargnant avec quelques dizaines ou centaines d’€ d’épargne, les livrets bancaires réglementés vous offriront toujours le même rendement. De la même façon, peu importe l’établissement dans lequel il est détenu… Chaque épargnant est donc traité de la même façon, qu’il habite dans XVIème arrondissement de Paris ou dans une banlieue difficile. Même rendement, même limitations, même “sécurité”.

Le rendement du Livret A, par exemple, est réévalué deux fois par an (le 1er février et le 1er août) par le Gouverneur de la Banque de France, et validé par le Ministre de l’Économie et des finances. Son calcul est une moyenne entre :

  • l’inflation des douze derniers mois
  • la moitié de la somme de la moyenne mensuelle de l’Euribor 3 mois à laquelle s’ajoute la moyenne mensuelle de l’Eonia (pour le dernier mois connu).

La garantie des dépôts

En France (et en Europe) les dépôts bancaires sont garantis à hauteur de 100k€ par épargnant et par établissement. Le tout par le de Fond de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR). Ainsi, théoriquement : Si vous possédez moins de 100k€ dans un établissement bancaire, une faillite de celui-ci ne vous ferait pas perdre d’argent.

Et ce d’autant plus que certains livrets bancaires réglementés (Livret A, LDDS et LEP) sont garantis directement par l’État. Leurs montants ne venant pas se soustraire aux 100k€ garantis par le FGDR.

Une absence totale de risques ?

Les points évoqués précédemment peuvent laisser penser que déposer des fonds sur un livret réglementé est dénué de risques. Pourtant, les choses son bien plus compliquées que cela. Les risques existent bien et ils ne sont pas à négliger !

Les effets de l’inflation

L’inflation n’est rien d’autre que la perte de pouvoir d’achat de la monnaie. Laquelle se manifeste par une hausse globale des prix. Cette inflation, dont on entend régulièrement parler et qui cristallise de nombreuses tensions à son encontre, s’applique à votre épargne.

En effet, si vous disposez d’un livret vous rapportant 3% d’intérêts mais que dans le même temps, le taux d’inflation est de 6% (situation actuelle, début 2023), alors votre épargne perdra quasiment 3% de pouvoir d’achat sur l’année. Ce qui est forcément dérangeant pour quelque chose qui est présenté comme “sans risques”. Bien sûr, cela ne s’observe pas sur la capital en lui-même, son montant ne pouvant diminuer. Néanmoins, ce dernier perd de son pouvoir d’achat chaque année dès lors que l’inflation est supérieure au taux d’intérêt.

Les limites de la garantie des dépôts

Sur le papier, la garantie des dépôts précédemment évoquée s’applique automatiquement et sans distinction entre les épargnants. Pourtant, dans la réalité, les choses sont bien différentes ! Tout d’abord, parce que le FGDR n’est alimenté qu’à hauteur de quelques milliards d’€. Lesquels sont, malgré tout, censé couvrir plusieurs centaines de milliards € de dépôts. Mathématiquement parlant, cela ne tient absolument pas.

Ensuite, concernant les trois livrets réglementé directement garantis par l’État, le montant cumulé de leurs encours dépasse les 500 milliards €. Il est évident qu’en cas de chute du système bancaire, l’État serait totalement incapable de rembourser ces sommes astronomiques. Sauf, éventuellement, à se mettre lui-même dans une situation financière encore plus critique qu’elle ne l’est déjà. Cette “garantie des dépôts par l’État” est donc bien plus proche d’une garantie morale que d’une garantie effective. Là encore, cela pose de sérieuses questions quant aux risques qui pèsent sur ces livrets.

Une hausse des taux des livrets bancaires réglementés est-elle une bonne chose ?

En règle générale, les épargnants apprécient de voir le taux de rémunération de leur épargne évoluer à la hausse. Ce qui se comprend aisément. En effet, il est toujours plus agréable de voir s’afficher 3% (2023) plutôt que 0,5% (2020).

Pourtant, les choses ne sont pas si simples qu’elle n’y paraissent. En effet, les taux étant plus ou alignés sur l’inflation, une augmentation de ces derniers signifie, en parallèle, une accélération de l’inflation. Ce qui n’est jamais une bonne chose pour l’épargnant. D’autant plus que les hausses de taux ne sont jamais immédiates et qu’elles ne vont pas nécessairement couvrir la baisse de pouvoir d’achat de la monnaie.

C’est ainsi que, d’un point de vue financier, qu’il est préférable d’avoir une rémunération de 0,5% avec 0 inflation plutôt que 3% de rendement avec 6% d’inflation. Ce dernier exemple étant lui aussi préférable à la situation du début / milieu des années 80, lorsque le Livret A culminait à 8,5%… avec une inflation de l’ordre de 14%.

Comment réduire les risques liés aux livrets réglementés ?

En tant qu’épargnant, il ne vous est pas possible de réduire les risques intrinsèques aux livrets réglementés auxquels vous êtes soumis. En effet, vous ne pouvez pas influer sur les différents facteurs (inflation et risque de faillite)… Vous pouvez cependant répartir vos avoirs entres différentes banques. Ceci, de façon à vous prémunir de la faillite de l’une d’entre elle. Soyons honnêtes, à l’heure actuelle un tel risque, en France, est très très faible. Mais le conserver dans un coin de la tête vous donnera une longueur d’avance sur “la masse” si jamais, un jour, ce risque se matérialiser.

Pour ce qui est notamment de l’inflation, je présente dans ce PDF les éléments que je mets moi-même en place afin de protéger au mieux ma propre épargne de secours.

Existe-il des alternatives aux livrets réglementés ?

Dans un monde ultra-connecté et aux développements technologiques constants, des alternatives aux banques traditionnelles (et non pas forcément aux livrets réglementés en eux-mêmes) commencent à émerger. Pour autant, celles-ci présentent des risques potentiels qui leurs sont propre… Tout est donc une question de confiance.

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Conclusion

Comme évoqué tout au long de cet article, il existe une très grande différence entre la croyance générale d’une “absence totale de risques” et la réalité beaucoup plus nuancée :

  • Seul le capital est garanti

Aucune garantie n’est jamais donnée quant à son pouvoir d’achat. Ce qui, dans une société inflationniste (l’objectif de la Banque Centrale Européenne est une inflation annuelle de l’ordre de 2%), devrait poser un sérieux problème à tout épargnant soucieux de son argent. En outre, la garantie même du capital ne peut être que remise en question dès lors que l’on s’intéresse aux montants en jeu.

Tout ceci permet donc de conclure cet article en affirmant sans équivoque que même les livrets bancaires présentent des risques. Probablement sont-ils plus faibles que pour tout investissement, mais le fait est qu’ils existent tout de même !

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